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L’Appel de Paris sera-t-il suivi d’effets ?

Profitant de la réunion du forum de gouvernance de l’Internet, ce 12 novembre à Unesco, le président de la République française, Emmanuel Macron, a lancé l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace.

L'Appel de Paris sera-t-il suivi d'effets ?

L’Appel de Paris sera-t-il suivi d’effets ?

par | Nov 15, 2018 | Business, Cyber Security | 0 commentaires

L’Appel de Paris, oui, bien sûr. Mais quid si la Chine, la Corée du Nord, la Russie, ou encore les Etats-Unis ne figurent pas sur de la liste des états signataires pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace ?

Certes, la liste des signataires de l’Appel de Paris ne cesse de s’allonger. Les grands noms de l’industrie y figurent, des éditeurs de logiciels de cybersécurité comme Cisco, ESET et F-Secure aux spécialistes de la protection des données, dont EBRC et IBM, en passant par des grands utilisateurs de données comme Citigroup ou Engie. Oui à l’Appel de Paris ! Bien sûr. Mais quelle en sera la portée si la Chine, la Corée du Nord, la Russie, ou encore les Etats-Unis ne figurent pas sur de la liste des Etats signataires ?

Profitant de la réunion du forum de gouvernance de l’Internet, ce 12 novembre à Unesco, le président de la République française, Emmanuel Macron, a lancé l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace. Et de rappeler l’importance d’un Internet «ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique», ainsi que l’applicabilité du droit international à cet espace, y compris les droits de l’Homme. Plus loin, l’Appel de Paris comporte neuf engagements pour ceux qui souhaiteront le rallier : lutter contre les activités malveillantes en ligne -visant individus et infrastructures critiques- et contre celles qui peuvent affecter la disponibilité et l’intégrité d’Internet, ou encore contre les opérations de déstabilisation des processus électoraux, de vol de propriété intellectuelle, ainsi que contre la prolifération des pratiques et outils visant à nuire. A cela s’ajouter la recherche de l’accroissement de la sécurité des produits et services tout au long de leur cycle de vie et de la chaîne logistique, de l’amélioration de l’hygiène informatique de chacun, ou encore «de favoriser une large acceptation et la mise en œuvre de normes internationales de comportement responsable».

Chacun a ses priorités dans le cyberespace

«Le développement de la cybercriminalité et d’activités malicieuses peuvent aussi bien mettre en danger nos données privées que certaines infrastructures vitales», explique le Quai d’Orsay. Or, vu la place croissante des réseaux dans le quotidien des individus mais aussi dans les affaires de la société et la conduite des nations, il est devenu urgent de revenir à une situation maîtrisée du cyber. Car la situation est devenue critique. Il ne s’agit plus seulement de «faire respecter les droits des personnes et les protéger en ligne». Il s’agit aussi d’éviter que les piratages informatiques ne puissent déstabiliser le cours d’une société, de son économie voire même les fondements de son système politique (avec des ingérences dans les opérations électorales pour modifier le résultat du scrutin).

D’autres pays, encore, n’ont pas répondu : l’Argentine, le Brésil, l’Inde, l’Iran, le Pakistan ou encore de l’Arabie saoudite… Le problème, c’est que la vision n’est pas la même pour un Chinois, un Américain et un Russe, soulignent certains experts. Chacun a ses priorités dans le cyberespace. Et sa vision. La nôtre -la Belgique et le Luxembourg ont signé l’Appel de Paris- serait de se distinguer de l’internet californien et de l’internet chinois, deux modèles qui s’opposent, le premier se trouvant entre les mains d’acteurs privés, les fameux GAFA, et le second qui est contrôlé de toutes parts par l’État, qui n’hésite pas à pratiquer la censure.

Un appel dans le vide ?

Début 2014 déjà, Art Coviello, alors président exécutif de RSA, appelait à des normes sociétales pour le digital et à l’abandon des armes informatiques. Pour lui, c’était une évidence. Pour lui. Son projet n’a connu aucune suite.

Dans l’internet, toutes les couches sont détenues par des acteurs privés, rapporte l’Internet Society. Beaucoup des premiers bâtisseurs d’internet partagent aujourd’hui une grande désillusion sur ce qu’est devenu le réseau mondial. «Beaucoup de choses ont mal tourné… Nous avons des ‘fake news’, des problèmes de respect de la vie privée, des personnes qui sont manipulées», a déclaré Tim Berners-Lee, le physicien britannique qui est l’un des pères fondateurs de l’internet.

Reste l’ambition. A terme, la France espère rallier 70 à 80 acteurs à ce texte, dont une moitié d’Etats. Les États ont déjà tenté de se mettre d’accord sur des normes internationales de comportement dans le cyberespace dans un groupe de travail spécialisé de l’ONU. Mais les logiques de blocs opposant les États-Unis et leurs alliés à la Chine et à la Russie ont fini par faire achopper ces discussions en 2017, après des débuts prometteurs en 2013. Les discussions se sont arrêtées dès qu’on a commencé à aborder des questions qui n’étaient plus purement techniques…

La France espère que cet Appel de Paris va permettre de relancer les discussions internationales pour éviter l’éclatement du réseau mondial. Aussi, elle relance le Forum pour la gouvernance de l’internet, un lieu de discussions internationales mêlant acteurs publics et privés. Il avait été lancé en 2006, mais était tombé en désuétude depuis.

L’heure est grave. La tension ne cesse de monter. En octobre dernier, la ministre néerlandaise de la Défense Ank Bijleveld avait estimé que les Pays-Bas se trouvent en ‘guerre informatique’ avec la Russie après avoir déjoué une cyberattaque russe. Le Renseignement néerlandais assurait avoir expulsé en avril quatre agents russes qui préparaient une cyberattaque visant l’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques (OIAC), basée à La Haye. Les agents russes avaient positionné un véhicule truffé d’équipements électroniques sur le parking d’un hôtel proche du siège de l’OIAC dans le but de pirater son système informatique, selon les autorités néerlandaises. Ce n’est qu’un exemple.

Comme le notre un spécialiste de Microsoft, la problématique de la prolifération des cyber-armes est une problématique du même niveau que la prolifération des armes nucléaires et bactériologiques qui, elles, sont «régulées» internationalement.

 

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