Derrière l’omniprésence de l’IA se cache une crise du leadership
Le recrutement de juniors chute, l’IA pouvant les remplacer à moindre coût, estiment certains recruteurs. Préférer l’IA serait pourtant une erreur à moyen terme, démontre Korn Ferry.
L’IA est au cœur des préoccupations : 84 % des responsables des talents prévoient de l’utiliser l’année prochaine, selon le dernier rapport de Korn Ferry. Non sans risques. Elle tarirait une source essentielle au recrutement et au développement des futurs dirigeants, assure le cabinet d’origine américaine qui a interrogé 1 670 responsables HR à l’échelle mondiale, couvrant différents secteurs et régions du monde.
Certes, elle est une pièce du puzzle des talents en 2026, l’erreur serait de la considérer comme la plus importante, estime Jeanne MacDonald, CEO, Korn Ferry. « Le recrutement est avant tout une question de personnes ; l’intelligence humaine restera toujours un facteur de différenciation clé !»
Pour la dirigeante, les entreprises, lancées dans une course effrénée à l’automatisation, négligent le recrutement et la formation des talents d’aujourd’hui, pourtant les leaders de demain.
Une crise du leadership se profile à l’horizon
Alors que la course à l’automatisation par l’IA se poursuit, 43 % des entreprises prévoient de remplacer certains postes par des solutions IA, ciblant les opérations et les fonctions support (58 %) ainsi que les postes de début de carrière (37 %).
Certes, réduire les embauches de juniors peut générer des économies à court terme, mais il en ira différemment à long terme. Pour Korn Ferry, la raréfaction des jeunes talents ouvre la voie à une crise du leadership à long terme
« À mesure que l’IA se développe au sein de la main-d’œuvre -devenant un collègue et non plus seulement un outil-, les dirigeants doivent soigneusement évaluer l’équilibre entre l’innovation et la formation de la prochaine génération de chefs d’entreprise », insiste Jeanne MacDonald.
Vive l’humain !
L’esprit critique reste la priorité absolue des dirigeants : l’IA continue d’occuper le devant de la scène, mais les compétences humaines demeurent une priorité élevée pour les dirigeants lors du recrutement. En effet, 73 % placent l’esprit critique en tête de leurs critères d’évaluation des candidats potentiels, tandis que les compétences liées à l’IA arrivent en cinquième position.
Une récente étude Gartner va dans le même sens, confirmant l’importance des personnes capables de penser de manière critique et d’évaluer les recommandations de l’IA : analyser ses résultats, repérer les failles et savoir quand les modifier.
Pour le cabinet de conseils IT, d’ailleurs, les entreprises vont amorcer un rééquilibrage. Face à la prolifération des usages de l’IA générative, l’esprit critique va rapidement redevenir une compétence stratégique, pour contrer les défauts de la technologie.

