Le souhait d’adopter l’IA… et la crainte de fragiliser les systèmes et les organisations insuffisamment préparés
Les dirigeants des services financiers européens adoptent massivement l’IA, tout en reconnaissant un manque de confiance dans sa gestion opérationnelle. Près de six sur dix estiment que l’approche de leur organisation en matière de gestion de risques technologiques est insuffisante.
Oui à l’IA ! 70 % des entreprises des services financiers envisagent d’utiliser l’IA agentique d’ici la fin 2025. En revanche, seules 24 % estiment avoir mis en place un dispositif de contrôle suffisamment complet et fiable pour absorber tous les nouveaux risques. Telle est la principale conclusion de l’étude « EY Responsible AI Financial Services Survey 2025 ».
Alors que l’IA évolue rapidement, les dirigeants des services financiers sont confrontés à une double réalité, constate Marc Geoffroy, Senior Manager, Financial Services, Technology Consulting, E&Y. « D’une part, l’IA promet des opportunités sans précédent pour réinventer la finance telle que nous la connaissons. D’autre part, elle soulève une multitude de risques, allant de la préparation opérationnelle aux préoccupations éthiques. » C’est clairement la question de la confiance, du manque de confinance plutôt, qui est posée.
Il y a donc un souhait d’adopter l’IA et la crainte qu’une acquisition trop rapide ne fragilise des systèmes et des organisations insuffisamment préparés.
Sensation de manquer de contrôles suffisants
Cette tension entre le potentiel technologique et le besoin de se préparer influence la façon dont le secteur envisage l’avenir de l’IA. Les dirigeants des services financiers privilégient la transformation, mais sans se mettre « à risque » sur les nouveaux aspects drainés par cette technologie.
Les dirigeants des services financiers utilisent déjà un éventail complet de technologies d’IA, avec des taux d’adoption relativement élevés. Priorité à l’IA multimodale : 37 % exploitent des systèmes capables de traiter texte, images, audio et vidéo, ainsi que la génération de données synthétiques. L’IA agentique suit : 35 % utilisent des systèmes autonomes qui prennent des décisions et effectuent des tâches avec peu d’intervention humaine.
Plus d’investissements dans la formation, les audits et le contrôle d’accès aux données
Malgré cette adoption importante, la question de la confiance dans la gestion de l’IA n’a jamais été aussi actuelle. 57 % des dirigeants estiment que l’approche de leur organisation en matière de gestion de risques technologiques est insuffisante. Par ailleurs, 30 % reconnaissent avoir des contrôles limités ou inexistants pour garantir une sécurisation des biais.
L’évolution des investissements confirme ce constat. Trois axes stratégiques essentiels se dégagent. Formation à l’IA : 88 % des entreprises du secteur y consacrent des montants modérés ou importants ; tests et audits des modèles d’IA : 84 % investissent dans ce domaine ; contrôle de l’accès aux données : 83 % allouent des ressources à cette priorité.
Il est important de noter qu’une segmentation sectorielle apparaît dans les priorités d’investissement, remarque encore Marc Geoffroy. Les sociétés du milieu bancaire ou des marchés financiers privilégient à 56 % les évaluations des risques pour les nouvelles catégories de modèles d’intelligence artificielle, contre 43 % pour les gestionnaires d’actifs et les assureurs.

