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L’intelligence artificielle pour booster la performances des banques

Quel avenir pour l'intelligence artificielle dans les banques luxembourgeoises ? ICTluxembourg ouvre le dossier. Dans un livre blanc, l'organisation avance quatre pistes.

L'intelligence artificielle pour booster la performances des banques

L’intelligence artificielle pour booster la performances des banques

par | Mai 11, 2018 | Business | 0 commentaires

Quel avenir pour l’intelligence artificielle dans les banques luxembourgeoises ? ICTluxembourg ouvre le dossier. Dans un livre blanc, l’organisation avance quatre pistes.

Un robot dans votre conseil d’administration ? Attribuer une voie lors des votes à un système fondé sur l’intelligence artificielle ? On se souvient de

VITAL, nommé mardi 13 mai 2014 au conseil d’administration du fonds d’investissement Deep Knowledge Ventures à Hong Kong. Capable de croiser un tas de données aussi bien actuelles qu’historiques, VITAL les analyse dans un laps de temps impensable à l’homme. Fallait-il pour autant nommer VITAL au conseil d’administration ?

Le cas mérite réflexion. Derrière VITAL, mais aussi derrière toute l’intelligence artificielle, un subtil équilibre à trouver entre technologies numériques et interactions humaines pour réinventer la banque, explique Marc Hemmerling, General Counsel Digital Banking, FinTech and Payments, ABBL, en introduction du livre blanc «How Banks can Boost their Performance with AI» que vient de publier ICTluxembourg. Objectif du document : identifier les opportunités de l’intelligence artificielle pour le secteur financier luxembourgeois.

De fait, l’appellation est large. Derrière l’acronyme AI, l’analytique prescriptive, le traitement automatique du langage naturel, le traitement de la créativité, l’intelligence sociale, la planification -ce que l’on peut appeler l’«intelligence générale», une intelligence artificielle capable de surpasser l’humain dans l’aspect cognitif, capable aussi de comprendre l’impact d’une décision. Le succès des banques et, d’une manière générale, des services financiers, en plus d’être reconnus comme des tiers de confiance, réside dans leur capacité à manipuler efficacement un grand volume de données, à élaborer des modèles statistiques et réagir rapidement à de nouvelles informations ayant un impact sur l’environnement.

L’AI dans le top des cinq plus sujets les plus chauds

D’emblée, on se dit que le potentiel est énorme, voire illimité. Ici, on pense aux indicateurs de sentiment, aux signaux commerciaux; là, à la détection de fraude, la notation de crédit, la gestion de portefeuille, la conformité réglementaire… «L’adoption de l’AI sera multiforme; elle impactera les institutions financières, les marchés financiers et les investisseurs. Cela dit, il s’agit de rester prudent, prévient Marc Hemmerling. L’AI n’est pas sans risques. Et ceux-ci, qu’il s’agisse d’auditabilité, voire d’éthique, sont encore à explorer.»

A l’ABBL, le sujet de l’intelligence artificielle est actuellement couvert par le groupe de travail «Big Data and Data Analytics» créé en collaboration avec le FinTech Innovation Cluster voici deux ans. En étroite coopération avec le CNPD, aussi, ce groupe de travail a notamment élaboré un document de discussion sur l’impact du GDPR sur les grands projets de données et d’analyse de données dans le secteur des services financiers. «Selon une enquête récente menée parmi les membres de l’ABBL, l’AI figure dans le top des cinq plus sujets les plus chauds de cette année 2018», assure Andrey Martovoy, FinTech Advisor, ABBL

Quatre horizons, le futur selon ICTluxembourg

L’intelligence artificielle donc, mais pour que faire ? Dans son document, ICTluxembourg propose de diviser le futur en quatre horizons. Le premier est l’excellence opérationnelle, qui pourrait aussi être décrit comme l’horizon «maintenant», car il repose sur des technologies et des processus matures pour atteindre l’excellence dans la proposition de valeur actuelle. La question à poser est : «comment les technologies AI peuvent-elles améliorer mon service, le produit et son processus ?»

Un exemple d’«excellence opérationnelle» : l’informatique de masse pour la notation de crédit. Aujourd’hui, l’humain reste meilleur dans des aspects tels que la créativité et la relation humaine complexe, mais il a tendance à être surclassé dans les tâches nécessitant l’ingestion de volume de données élevé, la modélisation des statistiques et des réponses pilotées par les données.

Deuxième horizon, «Nouveau produit» -le futur proche. L’exploitation de technologies naissantes et processus inédits pour construire une nouvelle proposition de valeur pour les clients existants. La question à poser est : «comment puis-je créer des produits utilisant les technologies AI pour servir mon marché ?» Exemple de nouveau produit, les robo-advisors. Il s’agit de sites Internet utilisant des outils sophistiqués pour construire et gérer un portefeuille diversifié. Ces outils sont faciles à utiliser et coûtent quatre à cinq fois moins qu’une gestion exercée par un conseiller humain. Comme observé déjà dans bien d’autres industries (musique, photo, presse, voyage, taxis …) le phénomène des robo-advisors s’apparente à une «technologie de rupture» capable de révolutionner le modèle traditionnel de la relation entre l’investisseur et son conseiller.

La question -très sensible- des robo-advisors…

«Si nous parlons d’une ‘connaissance du marché’ à travers les produits financiers cotés comme les actions et les obligations, le travail effectué par les robo-advisors a le potentiel de surperformer la traditionnelle ‘gestion de portefeuille’ grâce à de fréquents rééquilibrage et signaux de marché avancés. Ils seront plus efficaces… et pas moins sûrs dans le sens où ils sont construits et entretenus par des humains», analyse Thibault de Barsy, CEO, Keytrade Bank. Que vaut-il mieux : laisser faire des robots ou des conseillers qui se contenteront de vérifier le portefeuille de leurs clients deux fois par an et, pour maintenir le contact, les inviter à un tournoi de golf ?

Manifestement, la question des robo-advisors est très sensible. Pour Stefan Van Geyt, Group Chief Investissement Officer, KBL European Private Bankers, ces systèmes ne remplaceront pas le contact humain de sitôt, surtout dans des secteurs comme la gestion de patrimoine. «Je pense que nous allons voir une approche de plus en plus hybride : les clients bénéficieront de la capacité du robo-advisor à analyser des tonnes de données avec une objectivité totale et la capacité du conseiller humain à écouter une autre personne, comprendre leurs espoirs et leurs peurs, et gagner leur confiance.»

Une série de défis…

Troisième horizon : «S’adresser à un nouveau marché» -l’horizon «après-demain» au départ de technologies, de processus, mais aussi de services bancaires inédits. La question à poser est : «Comment puis-je aborder le marché en tirant parti de mes actifs et des technologies AI ?»

De plus en plus de valeur est générée à partir de données numériques, en même temps les banques ont développé une expertise : évaluer, stocker et protéger les actifs. Des technologies telles que l’apprentissage en profondeur et la cryptographie combinées avec l’expertise interne vont aider les banques à rivaliser avec de nouveaux acteurs tels que Amazon.

Le quatrième horizon, «Créer un nouveau marché», est encore flou : il marie des concepts et des technologies de recherche encore en devenir pour créer un marché entièrement nouveau. La question à poser est : «comment la société, la politique, les comportements généraux peuvent-ils changer à l’avenir avec l’utilisation des technologies AI ?»

La question repose sur une série de défis. Comment, notamment, surmonter la peur associée à l’intelligence artificielle -à commencer par la perte d’emploi ou plutôt la transformation de l’emploi ? Demain, toutes les tâches nécessitant des compétences très spécifiques seront plus facilement remplacées par un outil ou une solution AI. Par conséquent, un trader spécialisé dans un produit financier de niche sera plus susceptible d’être remplacé par un banquier traitant avec des clients communs.

L’AI, la nouvelle électricité de l’économie

Pour Thibault de Barsy, l’AI a le potentiel de mieux soutenir tout individu dans sa poursuite de la richesse et du bonheur. Et d’illustrer son propos au départ des travaux du prix Nobel d’économie Richard Thaler qui a démontré que nos émotions, notre morale et notre environnement social influencent nos décisions en les éloignant du concept de rationalité. Et de théoriser l’idée que pour guider les individus vers les bonnes décisions il fallait les inciter à adopter un comportement rationnel, en leur donnant un «coup de pouce». Cette approche, appelée Nudge, est basée sur l’idée que les individus vont adapter leurs décisions en les comparant avec celles de leurs pairs, pour parvenir à une situation optimale. Ainsi, aux Etats-Unis, il a été démontré que les familles manquant d’éducation financière qui se sont appuyées sur un courtier «humain» ont plus de chance de contracter un crédit hypothécaire qui ne leur conviendra pas…

Et ICTluxembourg de conclure que l’intelligence artificielle s’imposera, tout comme l’électricité s’est imposée dans les usines au XIXème siècle. L’AI est clairement devenue la nouvelle électricité de l’économie du savoir; la rejeter n’est pas une option, assure l’organisation professionnelle.

«L’intelligence artificielle constitue une formidable opportunité pour les banques de se transformer, améliorer et accélérer les processus qui ne nécessitent pas de contact direct avec le client en face-à-face, poursuit Carlo Friob, CEO, KBL European Private Bankers. Les RPA (Robotic Process Automation) peuvent prendre en charge des activités telles

que l’ouverture automatique de comptes, le rapprochement de comptes et la génération de rapports. Couplés, AI et RPA peuvent prendre en charge de plus en plus de tâches toujours plus complexes, contribuant massivement à l’efficacité opérationnelle. Donc, l’intelligence artificielle présente clairement des opportunités pour les banques de mieux faire leurs affaires tout en privilégiant l’expérience client.»

 

 

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