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Le vrai visage des projets IA en entreprise

L’IA agit comme un révélateur des fragilités techniques des organisations

Le vrai visage des projets IA en entreprise

L’IA agit comme un révélateur des fragilités techniques des organisations

A fond sur l’IA ! Mais cette croissance fulgurante, à tout le moins sur les feuilles de route, masque une autre réalité : les fondations techniques nécessaires à son déploiement doivent être renforcées.

Selon le rapport Malt Tech Trends 2025, les projets liés à l’IA ont bondi de + 230 % sur Malt entre 2023 et 2024 -un signal fort, mais qui ne traduit pas encore un basculement généralisé du marché. C’est l’un des enseignements majeurs de l’étude menée par Malt sur les tendances tech et le freelancing, basée sur plus d’un million de recherches effectuées par les utilisateurs sur la plateform

En croisant les tendances du marché et les profils les plus sollicités, le rapport dessine le vrai visage des projets technologiques. Et révèle, en filigrane, les fondations à poser pour aborder sereinement les prochaines vagues d’innovation technologique.

Du côté des freelances, précisément, la dynamique est nette : la montée en compétences s’accélère autour de l’IA générative, des LLM comme Claude (+ 97 %), des techniques avancées comme le RAG (+ 58 %), ou encore des outils low-code/no-code comme Flutterflow (+ 35 %) et n8n (+ 20 %). Des paris stratégiques sur l’avenir, en phase avec la conviction que l’IA s’ancre durablement dans les usages.

Côté entreprises, les compétences les plus recherchées en 2024 sont avant tout React.js (+ 27 %) et Python (+ 9 %). Deux langages devenus incontournables : l’un pour concevoir des interfaces web modernes, l’autre pour structurer des projets autour de la donnée, de l’automatisation ou de l’IA.

Avec l’IA, c’est une révolution par jour !

Mais malgré cette demande, React.js et Python ne figurent qu’en 7ᵉ et 5ᵉ position côté offre freelance, avec une croissance minime, voire nulle.
On constate ainsi une différence de tempo : les entreprises concentrent leurs efforts sur le renforcement des fondations technologiques (langages cœur, cloud, data, low-code), tandis que les freelances misent déjà sur les compétences IA plus poussées, en anticipant les cas d’usage de demain.

Interrogé par Malt, Maxime Marsal, freelance fullstack spécialisé en IA et automatisation, résume ce changement de paradigme : « Avec l’IA, c’est une révolution par jour. Les entreprises peinent à suivre le rythme : leurs besoins évoluent moins vite que les technologies disponibles. Côté freelances, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre : plus besoin d’être expert en code pour créer un produit. On décrit ce qu’on veut, l’IA génère le code, et on ajuste en direct. C’est ce qu’on appelle le ‘vibe coding’… et ce n’est que le début ! »

Cloud, gouvernance, cybersécurité… les vraies priorités !

Ce décalage s’explique par une réalité bien connue des DSI : l’IA ne peut produire ses effets qu’à condition d’avoir des fondations solides, en matière de cloud, de données, de gouvernance et de sécurité. Et c’est précisément sur ces chantiers que les entreprises concentrent leurs efforts.

Le cloud en est l’exemple le plus visible. Si AWS et Google Cloud stagnent, Malt a observé un intérêt en forte hausse pour les fournisseurs de cloud européens. Cette évolution illustre un mouvement vers des architectures hybrides ou multiclouds, plus adaptées à la complexité des cas d’usage IA, mais aussi aux exigences de souveraineté. Dans les faits, les entreprises ont besoin de revoir entièrement leur socle d’infrastructures avant d’envisager un déploiement industriel de l’IA.

Même constat sur le front de la donnée. Sur Malt, la demande en data engineers dépasse largement la croissance de l’offre freelance, signe que les entreprises cherchent avant tout à structurer et fiabiliser leurs flux de données. L’attention se déplace ainsi de l’analyse vers des étapes plus en amont : ingestion, traitement, qualité et gouvernance des données. Cette évolution se reflète aussi dans les outils privilégiés : les compétences sur les solutions de visualisation et de gouvernance progressent rapidement en 2024, avec une nette poussée pour l’open source (+ 35 % pour Metabase), mais aussi une croissance soutenue chez les éditeurs établis comme Tableau (+ 21 %) ou Power BI (+ 7 %). Le signal est clair : sans données bien préparées et bien gouvernées, aucun projet d’IA, et plus largement aucun projet tech, ne peut aujourd’hui tenir ses promesses.

Enfin, sans surprise, la cybersécurité s’impose comme un prérequis incontournable. Avec l’entrée en application prochaine de NIS2 et du règlement DORA, les entreprises doivent consolider leur posture de sécurité avant même d’envisager une quelconque innovation. L’étude Malt confirme cette pression réglementaire : sur la plateforme, le nombre de freelances experts en cybersécurité a progressé de 41 % en 2024.

De l’expérimentation au déploiement : les projets tech se complexifient

Cette réorganisation en profondeur des priorités se traduit aussi par un changement de nature des missions proposées aux freelances. Les projets IA ne sont plus vus comme des expérimentations isolées, mais comme des chantiers structurants, nécessitant des profils aguerris et polyvalents. D’après le rapport, les entreprises recherchent davantage de chefs de projet IT expérimentés, d’architectes cloud, et de profils capables de piloter des transformations sur plusieurs mois.

Parallèlement, les freelances eux-mêmes adaptent leur posture. Ils continuent de monter en compétence sur des technologies avancées et les langages de programmation. Dans l’ensemble, Malt constate une croissance de 15 % de l’offre de freelances tech. Les clients recherchent des experts compétents en Python, React.js et JavaScript.

Un autre signal fort : ils ne se positionnent plus seulement comme des exécutants, mais comme des accélérateurs de delivery dans des environnements complexes, de véritables experts capables de superviser les systèmes d’IA, le tout dans un contexte souvent constitués d’équipes hybrides mêlant talents internes et externes.

Un horizon conditionnel

Ce que révèle l’étude Malt, c’est peut-être avant tout un effet de miroir. L’IA agit comme un révélateur des fragilités techniques des organisations. Son déploiement nécessite non pas un simple recrutement de spécialistes, mais une consolidation des fondations technologiques.

Une entreprise mal architecturée, mal gouvernée ou mal sécurisée restera inapte à tirer profit de l’intelligence artificielle, quels que soient les investissements réalisés. Dans ce contexte, les freelances jouent un rôle essentiel pour accorder ambitions et réalité opérationnelle.

 

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