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Start-up, le culte des chatons

Start-up : «C'est le culte des oursons et des chatons : c’est mignon à cet âge-là, dommage que ça grandisse !»

Start-up : «C'est le culte des oursons et des chatons : c’est mignon à cet âge-là, dommage que ça grandisse !»

«C’est le culte des oursons et des chatons : c’est mignon à cet âge-là, dommage que ça grandisse !» Les start-up, on les aime bien quand elles sont petites, quand elles ne gênent pas ‘le monde d’avant’. Au récent forum économique international de Davos, le ministre français en charge de l’économie n’a-t-il pas demandé -sérieusement- au CEO d’Uber d’indemniser les taxis pour la perte de valeur de leur licence ? Réponse cinglante du fondateur qui, par ailleurs, n’avait que peu apprécié la garde à vue de ses cadres français : «aucun constructeur automobile n’a indemnisé les propriétaires de chevaux !» 

Les entreprises classiques n’ont plus la cote, on le sait. On le répète à l’envi. Place aux start-up. Le vocabulaire de la Silicon Valley a envahi notre quotidien, amplifié par des services de communication trop contents de profiter de l’image ‘innovante’ des jeunes pousses. «Mais derrière ce vernis clinquant, la réalité est moins alléchante et cache souvent une certaine naïveté et bien des faiblesses», observe Stéphane Schultz, fondateur de 15marches, une entreprise française de conseil en stratégie et innovation spécialisée dans la transformation numérique des entreprises.

Après le ‘green washing’, voici le ‘start-up washing’ ! Le ‘startup washing’ cache l’absence de politique économique des états en matière d’innovation. Ainsi, le discours paradoxal des pouvoirs publics qui flattent d’une main ce qu’ils bloquent de l’autre, preuve flagrante d’une absence de réelle politique de l’innovation. Et Stéphane Schultz de renchérir, toujours au sujet de son pays, la France : «start-up nation auto-proclamée quand il s’agit d’attirer des investissements étrangers, mais bon vieux protectionnisme quand Yahoo s’intéresse à Dailymotion. Rien, dans notre écosystème, n’a changé au point de favoriser tout à coup l’éclosion d’une nouvelle dynamique.»

Même constat à propos de l’open innovation, qui prône la collaboration entre start-up et grands groupes : «comment imaginer qu’une startup puisse grandir à l’ombre des grands groupes ? Ça n’existe pas. Les grands groupes tuent l’innovation. Elle les dérange. Au mieux ils l’endorment !» De là, d’ailleurs, l’ambiguïté de certaines entreprises «qui visitent des incubateurs comme on va au zoo».

Stéphane Schultz n’est pas le premier à parler de ‘start-up washing’. Dans son réquisitoire, il mentionne le danois David Heinemeier Hansson, qui sonne la charge contre le discours porté par le ‘venture capitalism’ mondial. David est une icône des geeks : co-fondateur de Ruby on Rails et Basecamp (ex. 37signals) et co-auteur de Rework et Remote, celui qui se proclame ‘tueur de licornes’ regrette que pour être ‘cool’ une entreprise doit être ‘disruptive’, connaître une croissance exponentielle, multiplier les levées de fonds, viser d’emblée une IPO. Bref, dit-il, «tout le vocabulaire financier que les startupers se répètent à l’envi sans parfois le comprendre.» David dénonce également la recherche de profits sans limite : vendre la vie privée des utilisateurs, maltraiter ses fournisseurs, chercher le monopole, débaucher des salariés, saboter les concurrents… «La disrupt-o-mania’ est un permis de tuer !» 

Le fait que ce monde attire la lumière est aussi dû à la relative discrétion de celles et ceux qui montent des boîtes en dehors de ces sphères. Alors que les capital-risqueurs communiquent en permanence et de manière ostentatoire pour influencer marchés et régulateurs, les autres entrepreneurs n’ont pas besoin de raconter leur histoire, estime encore David Heinemeier Hansson, qui nous invite à «creuser un peu plus profondément pour trouver pourquoi nous entreprenons.» Et d’énumérer ses propres motivations durant ses dernières années : je veux travailler pour moi-même, à mon propre rythme, dessiner mon propre chemin, sans me préoccuper de ce que pensent les types en costards; je veux créer un produit et le vendre directement à des gens qui attachent de l’importance à ses qualités; je veux creuser mes racines, créer une relation à long terme avec mes collègues et mes clients; je veux une vie après le travail, et ne pas penser qu’aux actus technologiques et financières; je ne veux pas sacrifier mes plus belles années pour d’autres.

«Peut-être que ce discours de bon sens nous permettra de mettre d’accord tout le monde autour d’un postulat simple : entreprendre est une aventure magnifique, qu’il faut encourager, conclut Stéphane Schultz. Il n’a jamais été aussi simple d’innover à l’ère d’internet, et chacun doit prendre son destin entre ses mains. Changer le monde, mais chacun à sa mesure et à son rythme.»

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