Broadcom toujours dans le « rouge », SAP et Citrix « sous surveillance 

Tout en continuant à accuser Broadacom, éditeur de VMware, l’ECCO (European Cloud Competition Observatory) met en lumière dans son troisième rapport ses inquiétudes quant aux conditions de licence de SAP et de Citrix.

« L’un des impacts les plus insidieux des agissements répréhensibles de Broadcom est d’inciter d’autres fournisseurs à imposer des conditions de licence moins avantageuses à leurs clients et partenaires », avance l’ECCO dans son dernier rapport du 27 octobre 2025. Et de poursuivre : « C’est une raison supplémentaire pour laquelle des mesures fermes s’imposent… ». Sont ici visés SAP et Citrix, « les fournisseurs les plus fréquemment cités par les clients et les fournisseurs ».

A lire le rapport, « SAP étouffe le marché européen du cloud » ! Le 25 septembre 2025, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des pratiques potentiellement anticoncurrentielles de la part de SAP. Ses préoccupations portaient sur quatre pratiques spécifiques qui pourraient restreindre le choix des clients en matière de support pour les systèmes ERP achetés auprès de SAP.

Une forte pression pour migrer vers SAP RISE… sans aucun avantage clair

Selon la Commission, les contrats de support imposés par SAP pourraient « empêcher les clients de combiner les services de maintenance et de support de différents fournisseurs à différents niveaux de prix et de support, même si cela serait plus pratique pour eux ».

Certaines de ces pratiques peuvent empêcher d’autres acteurs, y compris les membres du CISPE (Cloud Infrastructure service Providers), de proposer des services de support concurrents aux clients SAP. Toutefois, avance l’ECCO, « la décision de SAP d’inciter les clients qui souhaitent migrer de leurs instances ERP sur site exclusivement vers son programme RISE est plus préoccupante pour le secteur européen des infrastructures cloud. »

Les fournisseurs européens d’infrastructures cloud exclus

L’observatoire européen constate que depuis plus d’un an, les clients européens signalent « une forte pression pour migrer vers SAP RISE sans aucun avantage clair d’une telle transformation pour leur organisation. »

SAP RISE est un modèle ERP cloud complet qui repose sur l’infrastructure des hyperscalers, excluant de fait les fournisseurs d’infrastructures cloud européens de l’hébergement de SAP pour leurs clients, juge encore l’ECCO.

Parallèlement, SAP a retiré la certification SAP Certified aux fournisseurs de cloud européens pour les opérations cloud et d’infrastructure, ainsi que pour les opérations d’hébergement.

Fonds publics européens tout en orientant les clients vers les hyperscalers américains

Ces conditions de licence logicielle inéquitables signifient que les seuls clouds certifiés pour SAP sont les hyperscalers américains. L’ECCO constate qu’il est regrettable et inacceptable que l’une des seules entreprises de logiciels importantes d’Europe semble agir de manière à saper activement la souveraineté européenne en excluant les fournisseurs européens d’infrastructures cloud au profit des fournisseurs de cloud hyperscale étrangers.

« De manière choquante, SAP bénéficie directement de 329 614 000 € de financement public européen pour son projet ApeiroRA, dans le cadre du programme IPCEI-CIS, critique l’Observatoire. Alors qu’elle utilise des fonds publics pour développer une infrastructure cloud-edge de nouvelle génération pour l’Europe, elle fragilise simultanément l’infrastructure cloud européenne en orientant ses clients vers les hyperscalers américains. »

L’ECCO continuera de suivre cette situation. L’organisation croit savoir que le CISPE consulte des avocats quant aux prochaines étapes, qui pourraient inclure une demande formelle afin d’éclairer et d’élargir l’enquête en cours de la Commission.

Citrix mise sur l’auto-préférence

Certains rapports suggèrent que, dans sa transition d’un modèle de licence perpétuelle à un modèle par abonnement (prévue pour avril 2026), « Citrix s’inspire de certains aspects de la stratégie de Broadcom ». Pour rappel, le groupe Citrix Cloud Software est né de la fusion de Citrix et Tibco en septembre 2022.

À l’instar de Broadcom et SAP, les clients existants souhaitant bénéficier des évolutions futures des produits et du support technique sont invités à passer d’un modèle de licence perpétuelle à un modèle d’abonnement.

Contraints de migrer vers le cloud Citrix pour maintenir la validité de leurs licences, les clients constatent également une hausse significative des coûts. « Les produits sont regroupés en un nombre réduit d’offres, ce qui diminue la flexibilité et la granularité de l’offre tout en augmentant les prix ; par ailleurs, les seuils minimaux d’acquisition de licences sont relevés », continue l’ECCO.