Cloud Exit, fin du mantra « move to cloud » ?

Mar 5, 2024 | Cloud | 0 commentaires

L’année passée a vu de premiers mouvements de retour en arrière opérés sur les stratégies « move to cloud » des entreprises. Le Cloud Exit de certains laisse à réfléchir.

Difficile de parler de tendance. N’empêche. Le Cloud Exit est une réalité. La réinternalisation des applications n’est plus un mouvement si rare.

Ici et là s’affichent des CIO de plus en plus circonspects à l’égard du mantra du « move to cloud ». Beaucoup se rendent compte de la nécessité de détourner certaines charges de travail du cloud public vers des plates-formes où elles fonctionneront de manière plus productive, plus efficace et moins chère.

« La sortie du cloud est devenue un thème majeur en 2023. Et il y a de fortes chances que cela se transforme en une véritable tendance pour 2024. Les économies sont tout simplement trop importantes pour être ignorées », déclare David Heinemeier Hansson, CTO, 37signals. L’entreprise a achevé une sortie totale de six mois du cloud en juin dernier. « Assez de gens se rendent compte que le discours du marketing cloud ne correspond pas nécessairement à leur réalité. »

Mésaventures

Désormais, dans les réflexions, c’est l’idée d’une approche spécifique à la charge de travail qui s’impose. L’infrastructure de choix qui en résultera – une combinaison de plates-formes sur site et de cloud hybride – visera à réduire les dépassements de coûts, à contenir le chaos du cloud et à garantir un financement adéquat pour les projets de GenAI.

David Linthicum, ex-Chief Cloud Strategy Officer, Deloitte Consulting LLP, soutient que de nombreux CIO d’entreprise qui se sont retrouvés pris dans la course au cloud réparent désormais leurs « mésaventures » en recherchant les plates-formes idéales pour diverses applications, que ce soit dans un cloud privé, sur un cloud industriel, au sein de leurs propres centres de données, via un fournisseur de services gérés, en périphérie ou orchestrés dans une architecture multicloud.

Dans un récent post, il explique cette tendance par la prudence des entreprises quant à la sécurité de leurs données sensibles… et l’augmentation des coûts des services cloud.

« Beaucoup trouvent que les modèles sur site ou de cloud hybride offrent un meilleur contrôle des coûts et des options de personnalisation… Le facteur de motivation le plus courant que j’ai constaté en faveur du rapatriement est le coût ! » Et de constater par ailleurs que « la plupart des charges de travail des entreprises ne sont pas exactement modernes » et ne sont donc pas les mieux adaptées au cloud.

L’impact de l’IA

Différentes études abordent le sujet du Cloud Exit indirectement, souvent, d’ailleurs, sans le nommer. L’arrivée de l’IA serait un catalyseur. A travers celle-ci, nombre d’entreprises s’apprêtent à réexaminer les charges de travail pour, in fine, les placer sur la bonne infrastructure, que ce soit dans le cloud public ou en périphérie… ou en les ramenant vers leur propre cloud privé ou leurs serveurs.

En rapatriant son système d’information, 37signals continue à faire beaucoup parler. David Heinemeier Hansson a littéralement médiatisé sa démarche, permettant de la suivre à travers son The Big Cloud Exit FAQ. En ce sens, il fait un travail utile en abordant les questions une par une, comme les coûts humains supplémentaires nécessaires pour faire fonctionner les systèmes sur site.

La réponse « ça dépend » que tout le monde déteste

Dans ses FAQ, David Heinemeier Hansson explique notamment les capacités limitées des applications cloud natives à réduire les coûts de son entreprise et souligne la nécessité d’une équipe de classe mondiale pour répondre aux problèmes de sécurité de l’entreprise. Notamment, les réglementations en matière de confidentialité -le fameux GDPR. A le lire, c’est une des raisons pour lesquelles les entreprises européennes optent pour du matériel qu’elles possèdent elles-mêmes plutôt que de s’appuyer sur le cloud.

« Tout le monde cherche une réponse unique… et elle n’existe pas, commente David Heinemeier Hansson. Les exigences de vos systèmes dicteront la plate-forme que vous devez utiliser, et non celle qui semble à la mode. Parfois, le cloud offre le plus de valeur, mais pas toujours. »

La réalité est complexe, conclut-il. Et la réponse « ça dépend » que tout le monde déteste de la part des consultants est souvent correcte. Chaque plateforme doit être réfléchie et planifiée pour garantir que l’on avance sur la voie la plus rentable.