Cisco met en garde contre la dette d’infrastructure de l’Union européenne, un frein potentiel à la valorisation de l’IA
Alors que l’IA s’impose comme un levier stratégique majeur, la majorité des entreprises européennes ne sont pas équipées pour en tirer pleinement profit. Cisco y voit le signe d’une dette d’infrastructure de l’IA.
À l’échelle mondiale, seulement 13 % des organisations sont considérées comme pleinement préparées à l’IA. C’est peu. Mais c’est mieux que les 7 % en Europe. Pour Matteo Quattrocchi, Head of EU AI Policy Government Affairs, Cisco, ce déficit structurel de préparation est dangereux.
La troisième édition du Cisco AI Readiness Index introduit le concept de dette d’infrastructure de l’IA, évolution moderne de la dette technique et numérique. « Il s’agit de l’accumulation silencieuse de compromis, de mises à niveau reportées et d’architectures sous-financées qui érode la valeur de l’IA au fil du temps. »
Un décalage entre ambition et préparation
Certains signes avant-coureurs sont déjà visibles. Dans les pays de l’Union européenne interrogés, 45 % des entreprises prévoient une augmentation de leur charge de travail de plus de 30 % d’ici trois ans. 66 % peinent à centraliser leurs données. Seulement 23 % disposent d’une capacité GPU robuste. Et seulement 21 % sont capables de détecter ou de prévenir les menaces spécifiques à l’IA. 36 % des répondants européens indiquent que leurs réseaux ne peuvent pas s’adapter à la complexité ou au volume de données. Et seulement 9 % les qualifient de flexibles ou adaptables.
« Ces premiers signes révèlent un décalage entre les ambitions en matière d’IA et la préparation opérationnelle », analyse Matteo Quattrocchi. De fait, les entreprises les mieux préparées affichent un avantage durable sur tous les plans. Elles témoignent d’une nouvelle forme de résilience. En clair, une approche systémique et rigoureuse qui concilie les impératifs stratégiques avec les données et l’infrastructure nécessaires pour suivre le rythme de l’évolution accélérée de l’IA. Elles anticipent déjà l’avenir : 98 % d’entre elles conçoivent leurs réseaux pour la croissance, l’échelle et la complexité de l’IA, contre seulement 32 % dans les sept pays de l’UE interrogés.
L’alliance de la vision prospective et des fondements solides porte ses fruits, à l’heure où deux forces majeures redessinnent le paysage : les agents d’IA, qui rehaussent les exigences en matière d’évolutivité, de sécurité et de gouvernance et la dette d’infrastructure d’IA. Pour Cisco, c’est le premier signe avant-coureur de goulets d’étranglement qui menacent d’éroder la valeur à long terme.
« L’IA doit être intégrée à l’activité principale ; il ne s’agit pas d’un projet annexe »
L’indice de préparation à l’IA met en lumière certaines des lacunes critiques identifiées par la stratégie « Apply AI » de l’UE. Il démontre clairement que les organisations qui adoptent une approche rigoureuse et précoce de l’IA en récoltent déjà les fruits. « La préparation est le véritable facteur de différenciation », continue Matteo Quattrocchi. Les entreprises qui investissent dans une infrastructure robuste et des stratégies proactives se positionnent parfaitement. Elles tireront pleinement parti de l’IA, dès maintenant et face à l’accélération de la demande.
L’étude de Cisco révèle une tendance constante chez les leaders de l’IA qui obtiennent des résultats concrets. « L’IA doit être intégrée à l’activité principale ; il ne s’agit pas d’un projet annexe », insiste Matteo Quattrocchi. Or, ce n’est pas le cas en Europe. A peine 18 % des entreprises au sein de l’UE en ont fait une priorité…
La question de la sécurité semble sous-estimée
L’étude montre aussi que nous avons du mal à passer des projets pilotes à la production. Dans l’UE, seuls 8 % des répondants disposent d’un processus d’innovation mature et reproductible pour générer et déployer à grande échelle des cas d’usage de l’IA.
Enfin, la question de la sécurité semble sous-estimée. Seuls 34 % des répondants européens sont pleinement conscients des menaces spécifiques à l’IA, constate encore Cisco. 24 % intègrent l’IA à leurs systèmes de sécurité et d’identité et 35 % sont parfaitement équipés pour contrôler et sécuriser les agents d’IA.
« Les entreprises les plus performantes obtiennent des résultats plus significatifs que leurs concurrentes grâce à leur approche, conclut Matteo Quattrocchi. 90 % d’entre elles font état de gains en termes de rentabilité, de productivité et d’innovation… contre 57 % en moyenne dans l’UE. »



