EDRIX, premier indice européen de résilience numérique

La question de la souveraineté numérique s’est invitée tout en haut de l’agenda politique. Mais comment l’évaluer et comment évolue-t-elle ? L’indice EDRIX tente de mesurer la dépendance des 27 pays de l’Union européenne à la technologie venue d’autres continents. Le Luxembourg montre ses atouts.

Avec une note de 5,65 sur l’indice EDRIX (European Digital Resilience Index), le Luxembourg confirme son statut de pôle d’excellence en matière de talents et de solutions souveraines, avec le deuxième meilleur score dans le pilier « Écosystème des développeurs ». L’indice EDRIX -créé par le français Stéfane Fermigier– vise à évaluer la dépendance numérique des différents pays de l’Union européenne, autrement dit à fournir une mesure de la « capacité d’une nation à créer, maintenir et contrôler son propre destin numérique ».

Sans surprise, l’indice pointe des lacunes majeures de la plupart des pays européens, « un échec stratégique généralisé » qui menace les fondements mêmes de la souveraineté européenne et de la vie privée de ses citoyens, estime Stéfane Fermigier. Le rapport note notamment la dépendance d’institutions publiques de premier plan à la technologie américaine : sites web officiels des gouvernements de l’Estonie, de l’Irlande et de Malte, du président français, du monarque danois et de la capitale finlandaise, Helsinki, ou encore messageries d’administrations clés en Belgique, Bulgarie, à Chypre, en Espagne, en Italie, Lettonie, Lituanie, aux Pays-Bas, en Slovaquie et en Suède…

Le Luxembourg, onzième place

Le sommet du classement 2025 ne se compose pas d’un groupe homogène, mais d’un ensemble diversifié de dirigeants, chacun excellant grâce à une orientation stratégique unique. L’Allemagne (EDRIX 7,80) occupe la première place, illustrant une combinaison efficace de politiques publiques de classe mondiale (score normalisé : 10,00) et d’une adoption populaire exceptionnellement forte (9,43). Cependant, ce leadership politique ne se reflète pas parfaitement dans son écosystème de développeurs (3,51), révélant un écart entre l’intention stratégique et le vivier de talents national.

La République tchèque (EDRIX 6,89) occupe la deuxième place non pas grâce à ses politiques, mais grâce à une mise en œuvre concrète exceptionnelle, obtenant des scores parfaits de 10,00 en résilience numérique des secteurs privé et public. À l’opposé, l’Estonie (EDRIX 6,65) s’appuie sur son écosystème de développeurs de classe mondiale (10,00) pour se classer parmi les cinq premiers. La Finlande (EDRIX 6,66) s’impose quant à elle comme la championne incontestée de l’adoption populaire (10,00), prouvant qu’un public très engagé peut être un atout formidable pour la résilience numérique.

Dans ce classement, le Luxembourg se taille une place (11/27) de choix en tant que « pôle de développement et d’hébergement de technologies souveraines », comme en témoigne son solide écosystème de développeurs. Cependant, « cette expertise ne s’inscrit pas dans une stratégie nationale plus large, ce qui se traduit par une politique publique faible et une adoption populaire moyenne. »

Eco-système de développeurs

En 2020, le Luxembourg était une nation « émergente » bénéficiant d’une position stratégique unique et relativement forte en tant que « pôle de données de confiance pour l’Europe », mais d’une politique officielle peu développée en matière d’open source. Ca change. L’EDRIX relève l’OSPO (Open Source Program Office) dédié à l’adoption d’outils et logiciels open source dans l’administration et les services publics. Et son travail en cybersécurité.

Le profil du Luxembourg est dominé par son score élevé en matière d’écosystème de développeurs (9,48), dû au fait qu’il dispose du plus grand nombre de solutions EuroStack approuvées par habitant de l’UE ! Ce score est compensé par un faible score en matière de politiques publiques (2,50) et une adoption populaire modérée (4,64), reflétant sa spécialisation dans un secteur de niche.