Plus qu’un simple outil, l’IA peut agir comme révélateur du rapport au travail

Selon le WRI 2025, la 3ème édition du HP Work Relationship Index, le bien-être au travail a atteint un niveau historiquement bas. Seuls 17% des « knowledge workers » déclarent entretenir une bonne relation avec leur travail. L’IA, estime HP, pourrait être un moteur de réengagement.

Adoption massive de l’IA, mais encore superficielle en entreprise. C’est dommage, peut-on lire entre les lignes du WRI 2025. En effet, les entreprises -qui rendent accessible l’IA au travers d’outils et de formations- constatent des progrès tangibles en matière de confiance, de productivité et de sentiment d’appartenance et, dès lors, d’engagement de la part de leurs collaborateurs.

Mais aujourd’hui, son potentiel est sous-estimé. Il suffit de considérer les usages. 62 % des usages sont liés à la recherche d’information, à l’automatisation des tâches répétitives (51 %) ou à la rédaction de contenus (41 %). La traduction (36 %) et l’analyse de données (35 %) complètent ce panorama, qui reflète une appropriation pratique et orientée efficacité. Mais la régularité reste limitée : seuls 20 % des salariés déclarent une utilisation quotidienne, toutes générations confondues.

Le manque de formation, premier frein

Ce faible taux de récurrence, en décalage avec l’enthousiasme affiché, suggère une barrière d’usage encore forte. Les freins sont multiples : outils inadaptés, faible intégration dans les processus, ou simple méconnaissance des cas d’usage concrets. En miroir, les salariés les mieux équipés technologiquement se révèlent cinq fois plus enclins à entretenir une relation positive à leur travail, preuve du rôle structurant de l’outillage dans l’appropriation de l’IA.

En cause, le manque de formation. C’est l’un des points noirs du rapport. Seuls 17 % des salariés se sentent à l’aise avec l’IA. Pis : un tiers des personnes interrogées n’ont reçu aucune formation à son usage dans leur entreprise. Le constat est particulièrement préoccupant chez les travailleurs du savoir, les plus susceptibles d’en tirer parti dans des contextes métier à forte valeur ajoutée.

Cette situation reflète un désalignement profond entre la perception des directions IT et celle des employés. Ainsi, 63 % des décideurs IT estiment que leur organisation forme correctement à l’IA, contre seulement 36 % des employés. Ce différentiel de 27 points met en lumière une dissonance stratégique qui freine la diffusion de compétences essentielles et alimente un sentiment de désengagement.

Articuler intelligemment outils, formation et autonomie

Plus qu’un simple outil, l’IA agit comme révélateur du rapport au travail. L’étude montre que son usage fréquent est corrélé à une meilleure qualité de vie professionnelle : plus de la moitié des salariés dans la « zone saine » du WRI utilisent l’IA fournie par leur entreprise au moins une fois par semaine. À l’inverse, les travailleurs en situation critique déclarent une faible exposition à ces outils.

L’un des enseignements majeurs du WRI 2025 est que l’IA peut devenir un moteur de réengagement au travail, à condition d’être pensée comme une brique structurante de l’expérience employé. Cela suppose de sortir d’une logique descendante de déploiement technologique pour adopter une approche centrée sur les usages, les rythmes et les aspirations professionnelles.

Les entreprises qui réussiront cette transition sont celles qui articuleront intelligemment outils, formation et autonomie, en intégrant l’IA comme vecteur de sens et non simple outil de productivité. Dans ce cadre, les directions IT ont un rôle clé à jouer : non plus uniquement fournisseurs de solutions, mais architectes d’une relation au travail augmentée par la technologie.