«La période de conquête est derrière nous: après une phase d’euphorie marquée par le rapide déploiement de l’internet et de la téléphonie mobile, les perspectives de croissance et de rentabilité semblent plus modérées, tandis que la concurrence s’est exacerbée, tirant les prix vers le bas», analyse Jean-Christophe Bayet, ITNO Director, Orange Communications Luxembourg.

Voici dix ans qu’Orange Communications opère au Luxembourg. Jamais la concurrence n’a jamais été aussi exacerbée. «Les évolutions techniques et commerciales placent les différents acteurs devant des choix stratégiques et opérationnels qui pourraient amener à une redistribution des places et des perspectives de rentabilitéEn clair: moins de croissance, moins de recettes, plus de concurrence. Et chez certains opérateurs le poids de la dette contractée réduit considérablement les marges de manœuvre.»

«D’autres choisissent de devenir des opérateurs virtuels de réseaux. Mais si le modèle peut paraître satisfaisant à court terme, ces opérateurs sont liés aux avancements des propriétaires des réseaux qu’ils utilisent et ils ne jouent pas le rôle économique que l’on peut attendre d’un opérateur de réseaux dans la dynamique économique d’un pays ou d’une région. Ce n’est pas le choix de Orange et plus particulièrement au Luxembourg.»

Jean-Christophe Bayet est formel: «De manière générale, je pense que les opérateurs seront appelés à revoir les principes fondamentaux de leur modèle économique: les réductions de coûts tactiques ou progressives ne suffiront plus.»

Des réformes significatives s’imposeront pour relever les divers défis de ces prochaines années: haut débit, contenu numérique, mais aussi maîtrise des nouvelles exigences réglementaires, plus grande transparence tarifaire. «De toute évidence, nous sommes appelés à nous transformer, à reconsidérer notre approche pour éviter les guerres tarifaires dans lesquelles, il faut bien le reconnaître, nous nous sommes laissés enfermer…»

Plus de concurrence, moins de potentiel. Comment, précisément, éviter les guerres tarifaires? «En confortant ses positions, voire en se repositionnant. Je vois deux pistes: se renforcer dans l’accès et le transport ou se renforcer dans les services. Orange Communications Luxembourg se renforcera dans les services.»

Pas aisé quand on sait l’importance des investissements à consentir en infrastructure, les technologies se succédant à un rythme effréné. «De nombreux opérateurs européens songent à partager leurs réseaux, certains déjà expérimentent le principe et un grand opérateur comme Orange devrait pouvoir aussi optimiser son réseau à l’échelle de l’Europe et trouver ainsi des économies d’échelle», estime Jean-Christophe Bayet. Et d’expliquer: «Longtemps, les opérateurs européens ont favorisé le développement de réseaux par pays comme une source de différenciation par rapport à la concurrence. Les régulations successives et la concurrence obligent à revoir les modèles, car ce qui se passe en ce moment est contradictoire, les revenus baissent et l’effort d’investissement redouble. Les coûts énergétiques sont également à prendre en compte, le coût énergétique augmente alors que le revenu des données, lui, baisse drastiquement.»

Le contexte a changé. L’effort financier demandé et les cycles d’évolution technologiques successifs incitent désormais les opérateurs à mettre en œuvre des logiques de partage ou de collocations d’équipements (passifs ou actifs) susceptibles de générer des réductions de coûts. C’est également vrai au niveau opérationnel, en optimisant les processus d’entretien et de maintenance du réseau et en améliorant -voire, dans certains cas, en externalisant- les activités de supervision du réseau. «Le déploiement de la 4G, en tant que nouveau réseau, se prête bien à cette idée de mutualisation. Toutefois, les avantages financiers doivent être évalués face aux conséquences stratégiques potentielles.»

Orange Communications Luxembourg estime être engagé dans un processus continu. «Ainsi, à propos de la couverture 4G, que nous sommes en train de doubler. En 2015 nous aborderons la VoLTE (Voice over LTE), la voix sur la 4G. A la clé, l’amélioration de la qualité audio, les appels devenant HD. Plus un meilleur temps d’établissement des appels et de services IP multimédia tels que les appels vidéo. La VoLTE permet aussi à l’utilisateur d’appeler et d’utiliser des services data en même temps.»

Et Jean-Christophe Bayet de conclure: «La réussite des opérateurs -voire, pour certains, la survie- repose donc sur leur capacité à réinventer un modèle économique et une stratégie tournée vers l’avenir qui reflètent les transformations en cours sans oublier les utilisateurs de nos réseaux de plus en plus connectés mais aussi plus exigeants.»

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«Les opérateurs télécoms doivent se réinventer», affirme Orange
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«Les opérateurs télécoms doivent se réinventer», affirme Orange
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Voici dix ans qu'Orange Communications opère au Luxembourg. Jamais la concurrence n'a jamais été aussi exacerbée. Les évolutions techniques et commerciales placent les différents acteurs devant des choix stratégiques et opérationnels qui pourraient amener à une redistribution des places et des perspectives de rentabilité.
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