Les entreprises du secteur financier craignent de perdre près d’un quart de leur activité selon le rapport FinTech de PwC.

En être ou disparaître. Telle est la conclusion de l’étude «Blurred Lines : How FinTech is shaping Financial Services» de PwC. selon laquelle, d’ici trois à cinq ans, les montants investis dans les FinTech pourraient dépasser les 150 milliards USD et, surtout, que les institutions financières intensifieront leur rapprochement avec des entreprises proposant des solutions technologiques dans l’espoir de rapidement rentrer dans le jeu.

Les enseignements du nouveau rapport initié par PwC sont fondés sur une enquête mondiale auprès de plus de 500 experts du secteur financier, de dirigeants digitaux ou issus d’entreprises FinTech. Ensemble, ils ont analysé le marché et projeté les nouvelles tendances en la matière, «une analyse complétée par notre propre vision et expertise permettant de comprendre le côté perturbateur induits par les FinTech sur le secteur financier, mais surtout comment les différentes organisations impactées auront l’impérieuse nécessité de répondre aux nouveaux défis que les FinTech engendrent», souligne Grégory Weber, FinTech Leader, PwC Luxembourg, qui a dirigé cette étude mondiale. Une enquête également nourrie grâce à la recherche issue de la plateforme DeNovo, un outil mis en place par Strategy& et PwC exclusivement dédié aux solutions FinTech et capable d’accompagner les institutions financières.

Le digital : la nouvelle norme client

L’enquête montre clairement que les utilisateurs ont une longueur d’avance. Alors que les consommateurs adoptent de plus en plus les nouvelles technologies dans leurs vies quotidiennes, les institutions bancaires paraissent quant à elles à la traîne toutes en étant conscientes que dans les cinq prochaines années, et toujours selon l’étude, plus de 60% des clients des répondants à l’enquête utiliseront au moins une fois par mois une application mobile pour accéder à des services financiers. Une révolution que le secteur financier assure actuellement en s’encombrant de développements informatiques complexes et lourds alors que les FinTech mettent en place des solutions agiles et des développements informatiques adaptés aux nouvelles tendances des besoins clients.

En ce sens, «les FinTech défient l’orthodoxie des modèles traditionnels de la banque et de l’assurance, elles réinventent l’expérience client dans le secteur financier, au service de millions de consommateurs en attente de solutions innovantes. Les entreprises du secteur financier pensaient connaitre leurs clients. A présent, les FinTech connaissent mieux leurs clients qu’elles-mêmes», relève un des participants à l’étude. Avec le développement FinTech, les entreprises du secteur financier craignent de perdre près d’un quart de leur activité.

La vague est là…

L’enquête dirigée par PwC indique également que 83% des répondants estiment que l’activité de leurs clients pourrait être mise à mal par le développement exponentiel des FinTech dans les cinq prochaines années, augmentant une concurrence féroce entre acteurs traditionnels ainsi qu’une réduction de marge et une perte de parts de marché conséquente. Ce chiffre monte à 95% lorsque l’on observe les résultats des banques interrogées dans le rapport. Au rythme des changements induits par les FinTech, aucune entreprise du secteur financier aujourd’hui ne peut ignorer la vague qui risque de l’emporter…

Autre enseignement d’importance, celui portant sur la technologie Blockchain. En effet, si cette dernière représente un énorme potentiel pour l’industrie financière, ou pouvant créer des effets non négligeables sur son activité, elle est sérieusement sous-estimée par les acteurs financiers. Alors que la majorité des répondants (56%) reconnait son importance, 57% assurent en même temps ne pas savoir comment répondre à cette nouvelle technologie. Il est donc urgent d’explorer les tenants et les aboutissants de cette partie de l’écosystème FinTech.

On le sait à présent, l’alliance institution financière/FinTech est une alternative aux modèles traditionnels de la finance, capable d’apporter un nouveau courant d’affaires même si les FinTech représentent encore un enjeu non maitrisé en termes de contrôle et de réglementation. Les institutions traditionnelles, qui voient leur modèle se ringardiser peu à peu, se donnent ainsi le moyen de s’insérer et profiter durablement de l’écosystème des entreprises FinTech. «Pour l’institution financière traditionnelle, ce rapprochement induit aussi des défis importants, que ce soit dans sa propre culture d’entreprise qui pourra observer de la résistance aux changements en interne, ou dans son organisation qui ne sera pas prête à accueillir les nouvelles technologies FinTech voire des perturbations extérieures liées à la réglementation ou aux cadres légaux», précise Grégory Weber.Langue source : Anglais

Désintermédiation : l’arme puissante des FinTech

L’étude de PwC aborde aussi la question de la désintermédiation, les FinTech déplaçant inévitablement le curseur du rôle joué traditionnellement par les institutions financières, jusqu’à le rendre obsolète. En effet, alors que les organisations financières ont agi jusqu’à aujourd’hui comme seuls intermédiaires dans le système financier en fournissant un monopole de services à leurs clients, cette fonction est à présent remise en question par de nouveaux modèles issus de la technologie. Par exemple dans le secteur bancaire, depuis la mise en place de plates-formes de prêt en ligne qui permettent aux particuliers et aux entreprises d’accéder sans intermédiaires à des financements classiques voire participatifs grâce au crowdfunding. L’apparition de robots-conseils capables de gérer la relation financière de manière dématérialisée, sans intermédiaire humain, renforce cette tendance. «Pour le secteur financier, ces changements constituent une menace sérieuse à laquelle il devra faire face et pour lequel il devra s’adapter. Cela consolide certainement le sentiment des 83% de dirigeants interrogés qui indiquent que leur business sera en danger s’ils ne passent pas à l’ère FinTech», rappelle Grégory Weber.

Mais d’autres aspects auront rapidement une incidence sur les coûts des opérations bancaires de front et de back office, qui perturbera les produits bancaires classiques ou leurs relations clients actuelles. Les FinTech ne cessent d’offrir de nouvelles opportunités d’expérience utilisateur, dans la transaction financière, dans l’analyse de données ou la gestion de portefeuilles. Au-delà de la pure technologie et des solutions digitales ou mobiles que certaines entreprises technologiques peuvent mettre en place pour les institutions financières, il n’est plus tant question de la transformation des métiers de la banque ou de l’assurance que les FinTech impactent et améliorent actuellement, que de leur capacité à augmenter les capacités opérationnelles de ce secteur ou de réduire leurs coûts pour ses clients. «Encore un risque que le secteur financier doit intégrer pour comprendre l’urgence de passer aux technologies FinTech», conclut Gregory Weber.

Le rapport «Blurred Lines: How FinTech is shaping Financial Services» sera complété par des résultats luxembourgeois à l’occasion d’une présentation chez PwC Luxembourg le mercredi 20 avril 2016.

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FinTech : la révolution a commencé
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