Brexit : quelles opportunités pour le Luxembourg ?

par | Fév 7, 2017 | Business | 0 commentaires

Au départ de Londres, Philippe Castelain, fondateur de Lys Trade, conseille et accompagne les PME qui, dans le contexte du Brexit, souhaitent développer leurs activités dans la zone euro, en particulier au Luxembourg.

° Le gouvernement luxembourgeois a beaucoup investi sur la “marque Luxembourg”. Comment celle-ci est-elle perçue à Londres ? Quid, aussi, des actions du gouvernement ?

«Il convient de distinguer les différentes cibles du gouvernement luxembourgeois. Si des efforts très importants ont effectivement été réalisés par le gouvernement luxembourgeois, c’est davantage à l’extérieur de l’Europe. C’est notamment le cas au Moyen-Orient. Voici quinze ans, déjà, la Bourse de Luxembourg était la première, en Europe, à coter une obligation islamique. Depuis, des émetteurs en provenance de la Malaisie, du Pakistan, de l’Arabie saoudite, de l’Union des Emirats arabes et de l’Europe ont introduit des soukuks en Bourse de Luxembourg. Songez aussi aux efforts en direction de la Chine. A la mi-septembre 2016, on comptait pas moins de sept banques chinoises sur le territoire luxembourgeois… et d’autres, encore, devraient suivre…

«Par contre, les actions du gouvernement à Londres spécifiquement sont beaucoup plus discrètes, pour ne pas dire sous-terrainnes. J’attribue cela à un running-business qui fonctionne déjà extrêmement bien dans le domaine des fonds. Aujourd’hui, le Luxembourg se garde d’ailleurs bien d’être trop agressif vis-à-vis de la City quant à une récupération éventuelle des méfaits du Brexit.»

° Dans ce contexte, comment positionnez-vous l’action de Lys Trade ? Quels services pouvez-vous apporter ?

«La démarche de Lys Trade se veut différente. Sur le territoire britannique, nous visons plutôt les petites et moyennes entreprises. A commencer par celles, bien sûr, qui dépendent des acteurs financiers -les éditeurs de logiciels pour la finance par exemple et plus particulièrement pour les gestionnaires de fonds- mais aussi toutes les autres. Nous parlons ici de ces structures qui, pour la plupart, ont un volant d’affaires important avec la zone euro et qui, évidemment, se posent beaucoup de questions quant à l’accès futur vers l’Europe et ses 500 millions de consommateurs.

«Les services Lys Trade reposent sur deux piliers. Un : la représentation commerciale sur le territoire luxembourgeois. Dans ce schéma, nous représentons et vendons les produits, solutions et services de la société basée au Royaume-Uni sur le territoire luxembourgeois. De la même manière aussi pour une société luxembourgeoise voulant étendre ses affaires au Royaume-uni. A ce titre, pour renforcer son action, Lys Trade est membre de la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise-BLCC- à Londres. Deux : le conseil et le support (financement, aspects légaux, structures, logistique, ICT,…) pour l’établissement et la création d’une succursale au Luxembourg.» 

° Comment, à Londres, le Luxembourg est-il perçu ? Que cherchent à savoir les entreprises avec lesquelles vous êtes en contact ? Quels sont les atouts du Luxembourg et lesquels mettez-vous en avant ?

«Le Luxembourg à Londres n’est ni mal ni bien perçu… Certains évoquent bien sûr Amazon comme exemple d’’évasion fiscale’… Nous ne mettons pas le Luxembourg en avant lors des premiers contacts. Nous essayons d’abord de comprendre la stratégie du client, les solutions et services qu’il propose, sa volonté d’étendre son business vers le continent européen, ses contacts actuels dans la zone Euro, son positionnement sur le territoire du Royaume-Uni et/ou sur le continent. Le Luxembourg sera mis en avant comme une partie de la solution, mais seulement dans un deuxième temps. Parler du Luxembourg ou vanter la place dans les premières discussions serait mal interprété, un peu comme du racolage…

«Quant aux atouts mis en avant, c’est avant tout, bien évidemment, la stabilité politique et sociale, la bonne santé financière (Rating AAA), la sécurité (terrorisme), mais aussi la modernité des infrastructures, le multilinguisme et la proximité avec d’autres pays. Le Luxembourg doit être vu comme un ‘business hub’ !»

° Avec le Brexit, c’est avant tout le secteur financier qui est concerné. D’autres secteurs le sont-ils aussi, comme l’e-commerce par exemple, déjà bien installé au Luxembourg ?

«Non, très peu, voire pas du tout. Peu de PME britanniques sont déjà installées ou alors elles sont mal représentées. Les entreprises qui ont quelques activités commerciales avec le continent le font avec la Belgique -principalement la Flandre et Bruxelles. Ou via les Pays-Bas, la France et l’Allemagne…»

° Concrètement, peut-on distinguer les activités bancaires (vente de produits et services) des activités ICT qui les supportent ? Les banques pensent-elles d’abord “relocalisation” et puis “IT” ou les deux sont-ils intimement liés ?

«Tous les acteurs financiers parlent des fintech. Finances et ICT sont aujourd’hui intimement liés. Big data, analytics, regulations (BASEL III, PSD2 – Payments Services Directives, GDPR – Global Data Protection Regulation) sont au cœur des stratégies. Les banques savent que si elles ne s’adaptent pas au digital, elles disparaitront…»

° Pourrait-on voir des banques scinder leur relocalisation par activités (trading, back-office, IT…) en Europe, afin de profiter des avantages de certaines capitales, comme Dublin en particulier, tout en conservant par ailleurs des activités (non impactées par la réglementation européenne) à Londres ? Dans ce schéma, quels sont les points forts du Luxembourg ?

«Une relocalisation par activités est tout à fait réaliste, absolument. Les places financières se spécialisent. C’est, d’ailleurs, le bon côté du Brexit. L’administration des fonds restera à Luxembourg et devrait même s’amplifier -les contacts avec Londres vont dans ce sens. Le Luxembourg possède également une excellente offre en data centers. Pour rappel, 40% des data centers Tier IV européens se trouvent au Luxembourg avec une règlementation compétitive en terme de protection de données. La finance islamique prend une ampleur considérable aussi à Luxembourg.

«Arrêtons cependant de croire à une migration massive des financiers de Londres vers d’autres capitales. Londres restera une place financière forte et de référence. Ses relations avec le marché américain renforceront encore son potentiel. De par ses compétences, Londres gère 20% des actifs des fonds spéculatifs mondiaux dont 85% des hedge funds européens… Personne n’est aujourd’hui capable des concurrencer Londres !»

 

 

 

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