Souveraineté : tout attendre de Gaia-X ?

Nov 18, 2020 | Data Intelligence | 0 commentaires

Si le principe de souveraineté des données mobilise, peu d’organisations s’organisent véritablement. Le projet Gaia-X changera-t-il la donne ?

Plus de 70 % des données européennes sont aujourd’hui stockées dans des clouds non-européens, rappelle OVHcloud. Un ordre de grandeur qu’il s’agirait de revoir depuis cette crise sanitaire partant que notre dépendance aux outils digitaux n’a jamais été aussi grande…

Gaia-X, dont le lancement est prévu début 2021, changera-t-il la donne ? Le projet imposera-t-il un nouvel équilibre des pouvoirs du cloud en Europe ? Aujourd’hui, force est de la constater, Gaia-X est un cadre et non une loi. Ce cadre sera-t-il suffisant ? Ce fut l’une des questions du débat lancé au cours des Luxembourg Internet Days mardi 17 novembre autour de Nicolas Hamblenne (PwC Legal), Jelena Jelenovic (European Investment Bank) et Caroline Comet-Fraigneau (OVHcloud).

Mêmes normes, mêmes standards

De toute évidence, la souveraineté des données est à l’ordre du jour. Si Gaia-X devenait la norme pour les données critiques et sensibles, nous assisterions à un changement sismique sur le marché européen des infrastructures cloud avec des acteurs locaux tels que EBRC, OVHcloud ou Orange qui connaissent une forte augmentation de la demande pour leur IaaS. Ce qui veut dire, encore, que le seul marché de l’IaaS européen pourrait être radicalement différent au milieu de cette décennie.

Plutôt que de chercher à encourager une ou des entreprises géantes type GAFAM, capables de proposer une multitude de services -stockage, puissance de calcul, outils de traitement de données et d’intelligence artificielle, outils de chiffrement et de sécurité-, les promoteurs de Gaia-X veulent faire émerger un réseau d’entreprises européennes fonctionnant selon les mêmes normes et standards.

Repenser l’usage de ses données

En ce sens, Gaia-X opérerait tel une ‘market place’ ou chaque client potentiel trouverait tout ce dont il a besoin, sans quitter la juridiction européenne. Et qui fonctionnerait suivant une logique décentralisée, peut-être plus compatible avec les enjeux futurs du traitement des données industrielles et notamment de celles issues des objets connectés.

Cela suppose, du chef des entreprises et organisations, une remise en question sur l’usage de leurs données. En somme, quelles sont les données qui peuvent être accessibles par un acteur, quel qu’il soit, et à quelles conditions juridiques vais-je les exposer ? C’est ce risque qu’il s’agit aujourd’hui de clarifier. Et pour s’en prémunir, une des premières mesures est de hiérarchiser les données et de les répartir entre plusieurs acteurs du cloud en fonction de leur enjeu stratégique. 

Choix technologiques… et politiques

La souveraineté numérique n’est pas liée à la nationalité du fournisseur, mais à la réunion de deux conditions : gouvernance des données et indépendance technologique. Ce qui va nécessiter une véritable réflexion sur certains logiciels en mode propriétaire.

Le choix des fournisseurs de solutions numériques (cloud, messagerie, algorithmes …) n’est plus seulement un choix informatique. Il s’agit, désormais, d’un choix éminemment politique dont doivent se saisir les dirigeants. Il y va de notre démocratie et de notre performance économique. 

En ce sens, la souveraineté européenne est nécessaire dans la constitution d’une troisième voie dissonante des voies américaines et chinoises.

 

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