Trendy dans les années nonante, de plus en plus critiqué une fois franchi le nouveau millénaire. L’e-mail, cette année, fête ses 45 ans, au rythme de 200 milliards d’échanges quotidiens.

On l’aime autant qu’on le déteste. En 1995, date du lancement du premier navigateur web grand public, un Américain sur trois avait un PC et 14% à peine avaient accès à Internet. Depuis, le seuil des 3 milliards d’internautes a été franchi.

Depuis les années 2000, l’e-mail est accusé de tous les maux, symbole de l’asservissement auquel les nouvelles technologies nous condamnent en tant que travailleur, consommateur, voire individu. Nous vivons dans un enfer de notifications ! Des chercheurs ont démontré que chaque fois que l’on reçoit une notification et qu’on l’a regardée, il faut 64 secondes avant de pouvoir se remettre à la tâche en cours. Pourtant, notre comportement est loin d’être celui d’une victime passive et sans défense. Non seulement nous ne désactivons pas ces notifications, mais nous passons littéralement tout notre temps à «checker» nos e-mails, statuts et autres «fils d’actualité»… Nous consulterions nos e-mails en moyenne 77 fois par jours -soit, pour une journée de dix heures, une consultation toute les 8 minutes…

Il est devenu tendance dans les entreprises de prétendre réduire, voire supprimer l’e-mail. La nature ayant horreur du vide, Trello, Yammer ou encore Slack tentent de prendre le relais. Ces solutions, nous dit-on, vont «transformer l’entreprise» : travailler en équipe sans hiérarchie, sans bureaucratie, sans réunion sur des documents partagés, dans un flux continu d’information que nous sommes libre de rejoindre ou de quitter.

Bien. Sauf qu’il s’agit de technologies propriétaires. Un Slack, pour ne citer que lui, peut disparaître, être racheté ou faire exploser ses tarifs… alors que l’e-mail est une technologie qui n’appartient à personne. Comme le dit fort justement John Zittrain, professeur à Harvard, «il n’y a pas de CEO de l’e-mail… C’est juste une hallucination collective que cela fonctionne !» Né avec le web, l’e-mail lui emprunte ses caractéristiques intrinsèques : il est simple, décentralisé et conçu pour être le support d’applications créées après lui, sans avoir à demander la permission à qui que ce soit. Une «hallucination collective» que ne partagent pas les applications plus récentes, quel que soit leur succès.

Autre qualité et non des moindres : l’e-mail s’est parfaitement adapté à l’arrivée des mobiles, du BlackBerry au duopole iOS et Android qui en intègrent nativement toutes les fonctionnalités. D’une taille réduite, les fichiers de message se chargent rapidement sur n’importe quel appareil, permettant de passer d’un écran à l’autre sans rien perdre. Bref, tout le monde peut lire votre e-mail !

Avouons-le, les reproches que nous faisons à l’e-mail traduisent avant tout nos propres insuffisances ou incohérences dans notre manière de travailler -avec ou sans le digital. L’e-mail reste un formidable outil de communication, pour peu que l’on s’applique quelques principes de bon sens…

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L’e-mail a 45 ans. Ridé, mais en bonne santé
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L’e-mail a 45 ans. Ridé, mais en bonne santé
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Trendy dans les années nonante, de plus en plus critiqué une fois franchi le nouveau millénaire. L'e-mail, cette année, fête ses 45 ans, au rythme de 200 milliards d'échanges quotidiens.
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