«Le fintech est une réalité au Luxembourg et notre pays figure dans le top des nations européennes !» déclarait, dans son keynote d’ouverture des Luxembourg Internet Days 2015, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. De fait, le Grand-duché offre un écosystème unique aux opérateurs du Fintech. Mais, si tout est bien, il y a moyen de faire mieux encore en coopérant davantage, en innovant plus encore et en accueillant de nouveaux partenaires. «Le fintech n’est pas le taxi : il ne peut donc y avoir ici d’uberisation, mais un dialogue constant entre toutes les parties afin de savoir comment mieux supporter les initiatives nouvelles», précise Nicolas Mackel. En d’autres termes, l’idée, ici, est de parler ensemble pour pouvoir agir et évoluer ensemble. Une union sacrée de toutes les forces vives : public, privé, université et tous les acteurs de bonne volonté !

Pour Francine Closener, Secrétaire d’Etat à l’Economie, les start-up ont un rôle à jouer dans les challenges et les opportunités auxquelles fait face le Luxembourg. «L’ICT doit croître plus vite autour de deux idées : l’excellence et l’innovation. L’excellence dans les produits et les services; l’innovation dans la régulation et le développement de nouveaux outils.» Pour la Secrétaire d’Etat, les services financiers seront toujours plus numérisés et le fintech est une occasion de diversification de l’économie grand-ducale. Le Luxembourg est décidé à construire un système d’éco-sécurité fort en supportant les jeunes pousses, à les attirer au Grand-duché, à encourager l’Université de Luxembourg à lancer des spin-off. Fintech, cyber-sécurité et big data deviennent ainsi les lignes de force sur lesquelles le Luxembourg entend construire son avenir, via les technologies digitales.

Fit4Start, le programme destiné à soutenir les start-up

A l’instar de ses voisins et notamment de la Wallonie, le Luxembourg joue maintenant la carte des start-up. Francine Closener a rappelé le lancement, il y a quelques semaines, de son programme Fit4Start destiné à soutenir les start-up dès leur phase de démarrage avec un financement et un coaching adapté aux besoins des entreprises débutantes, créées il y moins de 12 mois et composées au moins de deux personnes. Concrètement, après acceptation de son projet, la jeune entreprise bénéficie d’un financement public de 50 000 EUR, conditionné par un apport privé de 10 000 EUR. Elle profitera également d’un hébergement gratuit au sein de la pépinière nationale du Technoport, d’une formation et d’un suivi hebdomadaire par des expert et d’un événement de sortie de programme pour qu’elle puisse présenter son projet et lever d’autres fonds. L’admission à Fit4Start passe par un concours, organisé deux fois par an. Le Jury de ce concours a retenu pour sa première édition : Bitbank, start-up ayant développé une plateforme sécurisée de données numérisées, Houser pour sa plateforme de comparaison et d’analyse de biens immobiliers et Sport50 pour sa plateforme de gestion pour associations sportives.

Tour de table

«Il a dix ans, il était plus facile de trouver du financement auprès des investisseurs. Combien d’argent allez-vous faire avec votre produit est, aujourd’hui, la question récurrente ! Il faut donc viser d’emblée le marché mondial, devenir un acteur global, avoir le tempérament d’un leader. Le venture capital n’est pas encore très répandu en Europe à l’égard des entreprises du fintech, alors qu’aux Etats-Unis celles-ci ont déjà levé plus de 10 milliards de dollars… Ici, il faut que le venture capitalist tombe amoureux de votre projet !» explique Alain Rodermann, Fouding Partner, Expon Capital.

De son côté, Geoffroy De Schrevel, CEO, Gambit Financial Services précise : «Pour une start-up, la question est toujours où trouver l’argent pour financer son projet et, ensuite, mais ensuite seulement, financer sa commercialisation. Financer Uber est facile, mais lorsqu’il s’agit de financer des projets fintech, tout le monde devient sceptique ! En Suisse, les banques acceptent facilement les solutions proposées par les start-up. Si le produit ne convient pas, les ponts sont rompus. Au Luxembourg, les banques n’acceptent pas qu’une solution ne soit pas sous le contrôle total de leur département IT. Le fintech doit dire qu’il n’est pas l’ennemi des banques, mais leur allié. Nous allons vers de nouveaux flux financiers, réguler ne doit pas finir par se regarder l’un l’autre, mais d’abord voir comment évoluent les autres et notamment les asiatiques, particulièrement innovants et audacieux. Si nous avons besoin de financement, nous avons aussi -et surtout- besoin d’un écosystème fort !»

L’exception Paul Wurth

«S’il est difficile de financer ses débuts, il l’est tout autant lorsqu’il s’agit d’assurer sa croissance. Heureusement, le Gouvernement grand-ducal est maintenant là pour nous supporter. Il faut que l’industrie rencontre les start-up, que les deux parties communiquent et, surtout, que la culture de l’innovateur soit comprise par la culture du monde de la finance», note Jed Grant, CEO, KYC3.

«Le monde ne nous attend pas. Malgré les aides publiques, le fonds privés restent rares… à l’exception de Paul Wurth qui ouvre son incubateur aux entreprises naissantes», ajoute Nicolas Buck, CEO, Seqvoia et modérateur de la table ronde.

«Pour gagner au Luxembourg, il n’y a pas que les aides, il faut que le produit soit excellent», lance un spectateur du débat. Qui regrette «qu’il faille trois ans aux banques avant de se décider sur une solution, ce qui nuit gravement à l’essor des start-up…» En réponse, Jed Grant explique que «si les banques suisses se décident plus vite, c’est parce qu’elles sont généralement indépendantes, alors qu’au Luxembourg la plupart des banques de la place sont des filiales de groupes étrangers…»

Jean-Claude Quintart

 

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Luxembourg Internet Days 2015, côté fintech
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