14 milliards EUR perdus en bourse en une journée, une chute de 20% de l’action, des pays qui refusent la commercialisation de certaines voitures… L’affaire Volkswagen est grave. Et tombe au plus mauvais moment : le constructeur allemand venait de ravir la première place sur le marché mondial à Toyota.

C’est aussi la première crise de l’informatique embarquée. Et elle aura des conséquences. En août, Gartner positionnait la voiture connectée au sommet du Hype Cycle des technologies émergentes. Encore au stade «embryonnaire», les véhicules autonomes sont passés, en une année, de la phase ascensionnelle au sommet de la courbe des technologies émergentes «tendances», les principaux constructeurs automobiles ayant tous placé la voiture connectée sur leur feuille de route à court terme, selon Gartner.

Rappel des faits : la semaine dernière, les autorités américaines, et plus spécialement l’Environmental Protection Agency, accusaient Volkswagen d’avoir vendu 482 000 véhicules diesel équipés d’un dispositif permettant de «tricher» lors des tests de mesures de la pollution, en dissimulant les émissions réelles de gaz polluants. L’ECU (Engine Control Unit) permet de contrôler plusieurs paramètres du véhicule. Or, dans le cas de Volkswagen, les algorithmes liés à l’émission de gaz polluants ont été ajustés de telle façon qu’ils s’adaptent aux exigences des normes requises pour obtenir l’homologation. Des tests sont organisés pour obtenir cette homologation. Mais comme ces tests sont répétitifs et que leurs cycles sont connus, le logiciel peut donc être programmé en fonction…

Pour autant, Volkswagen ne semble pas le seul constructeur fautif. Un rapport édité en novembre 2014 par le lobby européen Transport & Environment montre des manipulations sur les tests de calcul d’émission de CO² généralisées chez de nombreux constructeurs automobiles. Dans ce rapport, l’association pointe du doigt l’obsolescence des tests et des technologies de plus en plus pointues permettant d’optimiser la consommation d’essence en laboratoire, mais évidemment pas sur route

Selon l’organisation Transport & Environment, établie à Bruxelles, cette affaire ne serait que le sommet d’un iceberg masquant une fraude généralisée. «Il y a des preuves sérieuses que des dispositifs illégaux similaires sont utilisés en Europe par Volkswagen et d’autres constructeurs», écrit Greg Archer, le responsable du programme véhicules propres de l’organisation non-gouvernementale établie à Bruxelles. Bref, les tests d’homologation ne sont pas représentatifs de la conduite réelle.

Selon Sky News, des millions de voitures pourraient être rappelés au Royaume-Uni. Idem en Corée. Ce ne serait qu’un début. Cet épisode rappelle la crise vécue par Toyota en 2011 aux Etats-Unis sur le défaut des pédales d’accélération. Son président, le petit-fils du fondateur Akio Toyoda, avait alors jugé que cette crise était la conséquence d’une course effrénée à la taille : il avait décidé d’en finir avec cette obsession de la première place mondiale pour se concentrer sur la qualité.

Volkswagen en tirera-t-il une analyse similaire ? Ce qui est certain, c’est que cette affaire ne fait que commencer. Et les conséquences ne vont pas tarder : provisions sur les comptes, répercussions dans les ventes, peut-être d’autres scandales…

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Volkswagen : premier scandale de l’informatique embarquée
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Volkswagen : premier scandale de l’informatique embarquée
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