Le hub dominant de la fintech sera plus que probablement amené à migrer. A Luxembourg ? Possible. A condition de réagir rapidement.

Berlin, Paris, Genève ou Luxembourg ? Quelle capitale profitera du déclin -plus que probable- de Londres comme hub leader dans la fintech ? Londres risque de perdre rapidement sa première place mondiale dans le domaine des fintechs -une couronne que lui a attribuée une récente étude du cabinet EY. De fait, avec un total de 8,5 milliards EUR de revenus réalisés en 2015, les fintechs londoniennes devancent leurs concurrentes new-yorkaises et californiennes.

Dès avril, c’était panique à bord. Si ces entreprises -en particulier celles spécialisées dans les services de paiement- ont redouté une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, c’était d’abord parce que cela leur compliquerait la tâche sur le plan réglementaire et, partant, freinerait leur expansion internationale. En effet, grâce à la directive européenne sur les services de paiement, tout prestataire de services de paiements agréé dans un pays de l’UE l’est également dans les autres Etats membres, en vertu du «passeport européen». Cet accès simplifié aux quelque 500 millions de consommateurs de l’UE représente un atout de taille, compte tenu de l’importance des effets de volumes pour des métiers où les transactions sont souvent de faibles montants.

Aujourd’hui, l’avenir de Londres est plutôt sombre. Tout dépendra du statut que le Royaume-Uni négociera avec Bruxelles. En cas d’accord de libre-échange similaire à celui conclu par la Norvège, laquelle est intégrée à l’espace économique européen, le passeport européen demeurera valable. Mais rien n’est fait. Et les investisseurs ne craignent rien de plus que les incertitudes…

Pour le cabinet Forrester, les préoccupations concernant les lois d’immigration vont causer la fuite des talents du secteur numérique, qui migreront hors du Royaume-Uni. Et d’estimer que la sortie de produits et services innovants va ralentir car les entreprises britanniques vont devoir passer plus de temps et d’efforts pour collaborer avec des firmes hors Royaume-Uni.

Toujours selon Forrester, suivi ici par le cabinet Roland Berger, le cluster fintech londonien se déplacera vers le continent. De là, bien des questions. Et des suppositions. Qui en profitera ? Berlin ou Paris, les deux grandes capitales européennes ? Ou Genève et Zurich, pas mal placées, d’autant qu’il est question d’un assouplissement des régulations bancaires en Suisse, demandées par un certain nombre de parlementaires ?

Quid, enfin, de Luxembourg ? Le Grand-duché peut mettre en avant le fait d’être la plate-forme européenne du paiement électronique. Déjà, dans le domaine des crypto-monnaies, Bitstamp, la plus importante plateforme bitcoin en Europe, a choisi de quitter le Royaume-Uni pour le Luxembourg afin d’entamer une nouvelle phase de son développement -avec un agrément à la clé. Enfin, le Grand-Duché peut aussi mettre en avant ses 143 banques, dont 6 établissements chinois. Reste à trouver les ressources. Et Fintech Luxembourg est une bien petite organisation face à ses concurrentes. Or, dans le contexte du Brexit, il faut faire vite, très vite…

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Luxembourg peut-elle attirer la fintech londonienne ?
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Le hub dominant de la fintech sera plus que probablement amené à migrer. A Luxembourg ? Possible. A condition de réagir rapidement.
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